Le courant d'air d'Alex #2 : Barcella - Puzzle & Bilan de concert

Illustrations réalisées par la talentueuse artiste peintre/photographe  The Judge   J’avais très chaud et je ne comprenais pas tout....


Illustrations réalisées par la talentueuse artiste peintre/photographe The Judge 

J’avais très chaud et je ne comprenais pas tout. Dans cette petite salle de La Dynamo de Toulouse, il devait bien faire 40ºC, ça commençait à sentir la bière et la sueur, les oreilles tantôt enjouées tantôt surprises par cet artiste québecois inclassable Keith Kouna, qui aurait bien mérité un article à lui tout seul…
Moi, dans mon coin, accompagné de Mamzel’ Bulle, j’étais mêlé d’impatience et d’appréhension.

L'impatience car pour avoir déjà testé l’aventure de Barcella en live, je sais que l’artiste est “bankable” lorsqu’il s’agit de faire vibrer les foules. L'appréhension car oui je dois l’avouer Puzzle, ne m’a, à la première écoute, pas autant charmé que ses deux grands frères.


Dans ce dernier, Barcella nous livre une plume toujours aussi délicate, mais moins folle. J’entends par là que d’absolus chefs d’œuvres comme "Clairefontaine", "Les Monstres" ou l’inchantable "Mixtape", n’ont pas textuellement d’équivalent sur cet album.

Les mélodies sont plus légères, plus étoffées, et en les écoutant, je redoute à ce moment que certains morceaux n’y perdent en simplicité : le meilleur exemple étant certainement le morceau « Le Suicide ». Moi qui ait découvert cet hymne génial à l’éducation nationale (mots de l’auteur hein…) en guitare voix, presque à la manière d’un sketch très décalé et drôle, la version orchestré de l’album me fait prendre peur de perdre ce moment privilégié où Barcella sait comme personne créer une atmosphère intimiste et communier avec son public.

Bref tout un tas de petits doutes que j’ai gardé au fond de mes tempes, entre la première écoute et la date fatidique du concert.


4 minutes et 23 secondes.
C’est à peu près le temps qu’il m’a fallu pour que Babar ne balaye d’un vers de main tous mes doutes. Quelques notes de Puzzle plus tard, les premiers vers sortis du fond de la scène, et un géant entre dans la lumière. Puzzle m’embarque illico, mes genoux ont la bougeotte, et ce n’est pas près de s’arrêter. Je ne peux m’empêcher de chanter, de frapper dans mes mains, je rentre dans ce concert de plein fouet, comme si je connaissais l’album par cœur. Mais la vraie surprise est venue dans un deuxième temps avec "Fragile" : une chanson douce, agréable, très harmonieuse, bref un morceau qu’on attend pour un passage acoustique ou pour un moment plus lancinant du concert. La pause tendresse/émotion en quelque sorte. Dès les premières notes je redécouvre Barcella. Le petit riff de guitare en arrière plan s’invite sur le devant de la scène et porte le morceau dans une atmosphère devenue rythmée, entraînante, qu’on ne veut plus interrompre. Le reste du live m’apportera ce que je suis venu chercher. Un Artiste généreux et à bout de souffle, drôle et tendre, doué et farceur, poétique et slameur fou, surprenant d’improvisation et fantastiquement accueillant.

On a beau avoir payé nos places pour le voir, je n’ai que rarement eu cette sensation d’un artiste qui venait à notre rencontre. D’anecdotes de ses tournées interminables en interlude de bain de foule, pas un instant il ne donne l’impression d’être “LA” vedette de la soirée. Modeste, à la limite de la timidité, il va chercher tout le monde, ne laisse personne sur le bord de la scène, et ne manque pas une occasion de rendre hommage à ses musiciens, entièrement dévoués à sa cause, et comme on les comprend… 
Un jeu de scène inimitable, un flow à rendre jaloux n’importe quel slameur aguerri, une poésie touchante, un dynamisme réjouissant, une humeur drôle et ultra communicative, Barcella c’est tout ça. Du pur bonheur en somme.

Le plaisir qu’il prend à nous livrer ses dernières chansons le démarque clairement de tous ces artistes venus “faire le job”. Son succès n’est selon moi pas encore à la hauteur de son talent, puisse-t-il rester le plus longtemps possible si authentique et amoureux des mots. Le reste du concert se déroule bien trop vite. Il nous aura surpris, envoûtés, fait chanter et danser, amusés l’espace de quelques heures, et aura offert à une petite fille une gloire qui la rendra unique dans les cours de récré, à n’en pas douter !

Quelques mots échangés avec l’artiste après le spectacle montrent à quel point cet homme est entièrement tourné vers son public. Même lessivé et sentant bon le marathonien après entrainement, il garde son sourire et quelques secondes privilégiées; bien que marqué par la fatigue; pour chaque fan en faisant la demande. 

Certes, il est plus facile de se rendre disponible à la Dynamo de Toulouse qu’à l’Olympia, mais il n’empêche que si sa notoriété ne l’emmène pas encore au Panthéon de la chanson française, il est un artiste accessible et profondément humain, et on ne va pas s’en plaindre.

Barcella fait partie de ses rares artistes dont j’ai su très tôt que chaque opus viendrait garnir ma sonothèque. Il se place chez moi à coté de Mark Knopfler, Ben Harper et Paul Simon. Il est donc le premier français à garnir cette liste d’artistes qui ont tous le point commun d’être d’incroyable Songwriter. Barcella apporte en plus une touche d’humour et de poésie, et une plume digne de Louis Aragon. Comme tous les artistes dont je suis la carrière de A à Z, il me décevra surement un jour, car la déception en musique, ne peut venir que des artistes que l’on admire vraiment.


En attendant ce jour, je réécoute Puzzle d’une toute autre façon, et mon scepticisme du début vole en éclat sur chaque chanson que je chante avec lui sur les routes du Sud-Ouest. Ce concert m’aura apporté deux enseignements: Barcella est résolument un incroyable homme de scène, et c’est justement là que sa musique prend tout son sens. 

Alors je me jure que PLUS JAMAIS, je n’arrêterai mon opinion sur un de ses disques avant de l’avoir écouté sur scène. Et surtout, PLUS JAMAIS je n’attendrai 1 an et demi entre deux de ses concerts.

Barcella, Bravo, Merci, et à bientôt…



J’écoute en boucle: "Soleil", "Fragile", "L’île au trésor", "Caroline"… La totalité de l’album en fait, sauf peut-être

Les morceaux que je zappe:"L’épouvantail", parce que la mélodie est très belle et le texte très bien écrit, mais souffre de la comparaison avec la "Symphonie d’Alzheimer", véritable chef d’œuvre pour moi du précédent album. Une “suite” réussie, mais pas autant que sa grande sœur.

La mention spéciale: Pardon, mais j’étais obligé de faire une case à part pour ce titre "La poésie des roses". Du grand, du beau Barcella comme on l’aime, en duo avec Emily Loizeau. Mon coup de cœur de l’album.



Musicalement nôtre, vôtre
Alex


Le + de Mamzel’ Bulle :


Il n’y a pas grand-chose à rajouter sur ce bilan de concert chargé d’adjectifs positifs à l’encontre de Babar que je ne peux que partager. D’ailleurs si vous suivez Musicalement Nôtre depuis le début, voir depuis un bout de temps vous savez qu’il n’est pas rare ici (Voir ici, ou , ou et )… 

Pour avoir assisté à deux reprises, dans des lieux très différents aux performances de l’Artiste : Au Théâtre de Bourg Les Valences et à la petite salle très rock de La Dynamo de Toulouse (en témoigne la Saint vierge, sa tête de mort et son bébé Jésus armé à la kalachnikov) (S’il s’agit bien d’une kalachnikov) (Je n’y connais rien). Barcella sait très bien s’adapter au public en prônant le multi-générationnel. 

Ce soir là, à la Dynamo, il a enflammé les quelques 350 personnes qui remplissaient la salle et ne s’est pas caché de nous dire qu’avec Puzzle il voulait d’avantage nous ensoleiller, justifiant ainsi l’ajout de cuivres dans l’orchestration de base. En plus il nous a interprété "Le Sud" de Nino Ferrer, j'étais comblée.




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